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André Gide, Les Nourritures terrestres et Les Nouvelles Nourritures, avec une lettre autographe signée de Gide

VENDU

 

André Gide est mort le 19 février 1951. Quelques mois auparavant, il adresse une réponse à une lettre reçue de l'historien et écrivain Robert Taussat (1920-2016) :

"Cher Robert Taussat

Trop fatigué, trop souffrant, pour vous écrire la longue réponse que votre excellente lettre mérite, je vous prie de ne point douter de mon affectueuse attention

André Gide".

Robert Taussat la fait relier dans une belle édition de Les Nourritures terrestres et Les Nouvelles Nourritures de 1950 ; c'est cet exemplaire que nous proposons.

 

André Gide, lettre autographe signée
André Gide, lettre autographe signée

 

Les mêmes termes, "souffrant" et "fatigué", se retrouvent bien des années plus tôt, en 1913, dans une lettre qui peut être consultée sur Google books (voir page 69, lettre à Arnold Bennett). Les mots sont peut-être utilisés dans cette lettre comme une formule de politesse pour décliner une invitation à dîner, Gide ajoutant un autre argument, qui peut faire sourire aujourd'hui : "De plus, retenu par une séance d'affaires jusqu'à l'heure du dîner, je ne pourrai arriver qu'en veston - ce qui peut-être vous sera bien égal, mais me gênera".

En 1902, dans L'immoraliste (que l'on peut consulter ici, voir au bas de la page 39), Gide avait écrit textuellement "trop fatigué, trop souffrant". Là il ne s'agit pas d'une formule de politesse, mais bien de l'évocation de la maladie qui est au centre de l'oeuvre.

Dans notre lettre de 1950, Gide a-t-il voulu répondre poliment à une longue lettre par une courte page, en écrivant "trop fatigué, trop souffrant" comme une formule d'excuse ? 

Notre lettre date de la rédaction de la dernière oeuvre de Gide,  Ainsi soit-il ou les jeux sont faits, écrite de juillet 1950 et février 1951. L'auteur était alors effectivement malade, mais il écrivait ce long texte.

Quoi qu'il en soit, il est intéressant de retrouver dans notre lettre les termes mêmes du narrateur de L'immoraliste, narrateur-auteur qui les aura ainsi employés tout au long de sa vie, avec un degré de signification allant de la banalité d'une formule toute faite à l'expression d'un profond mal-être.

 

Ce livre rare, joliment relié, a été publié aux éditions NRF (collection "Le Rayon d'or"), avec des aquarelles de Raoul Dufy, :

André Gide, lettre autographe signée, livre rare
André Gide, lettre autographe signée, livre rare